La pilule ou la fécondité enfin maîtrisée

 

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Histoire des contraceptifs avant la découverte de la pilule
Découverte de la pilule
Réactions face à la pilule
La politique et la maîtrise du nombre de naissance
Fonctionnement de la pilule
Sources exploitées

Virginie Fatton et Raphaël Barazzutti

 

Histoire des contraceptifs

La pilule n'aurait pas eu un tel impact si il avait existé auparavant des contraceptifs fiables. Historique des techniques.

 

De tout temps les femmes ont essayé, avec plus ou moins de succès, de contrôler leur fertilité. Le plus ancien document écrit traitant de la contraception, le Kahun Papyrus, remonte à quatre mille ans et décrit des contraceptifs à base de levain. Les marchands arabes furent les premiers à utiliser des dispositifs intra-utérins, mais c'était sur leurs chamelles. En effet, lorsqu'ils amenaient leurs chameaux au marché, ils prenaient soin de placer des petites pierres dans l'utérus des femelles afin qu'elles ne tombent pas enceintes en route.

 

Des préservatifs en lin, en peau de mouton ou de chèvre et même en peau de serpent furent utilisés dans plusieurs sociétés. Des dilatateurs et des curettes, assez semblables aux instruments employés de nos jours, ont été retrouvés dans les ruines de Pompéi. Tandis qu'une méthode chinoise recommandait d'avaler des têtards vivants au printemps, d'autres techniques de contraception faisaient appel à la saignée, aux diaphragmes en métal ou en verre, à du coton trempé dans du jus de citron, du poisson séché, du mercure. Dans la Grèce antique, les infusions de plantes médicinales étaient incontestablement plus agréables à prendre et certainement plus efficaces aussi, puisqu'une récente recherche a démontré que les plantes utilisées contenaient des œstrogènes.

 

Au XVIe siècle, l'érudit Aetius d'Amide conseille aux femmes de porter un foie de chat dans un étui attaché au pied gauche ou des testicules de chat dans un étui proche du nombril. Aux hommes, il recommande de laver les organes génitaux avec de la saumure.

 

Albert le Grand, évêque italien du XIIIe siècle, rappelle les conseils des Anciens : "Si une femme porte autour du cou le doigt d'un fœtus mort, elle ne concevra pas tant qu'elle le portera." A la même époque, des médecins recommandent la recette suivante que de nombreuses femmes appliqueront jusqu'au siècle dernier : "Si une femme boit le matin pendant trois jours deux mines de l'eau dans laquelle les forgerons ont refroidi leurs pinces, elle deviendra définitivement stérile."

 

Une légende du Moyen Age explique que pour éviter de tomber enceinte la femme doit cracher trois fois dans la bouche d'une grenouille. Mais la plus ancienne et la plus durable des techniques contraceptives est celle du coïtus interruptus ; désagréable à pratiquer, elle est en outre inefficace dans environ 20% des cas.

 

Au XVIIIe siècle, Casanova fait utiliser à ses partenaires de petites boules d'or, fabriquées chez un orfèvre genevois : glissées dans le vagin, elles sont censées empêcher la fécondation. Eponges imbibées de vinaigre, seringues pour la douche vaginale, diaphragmes difficiles à manipuler, préservatifs défectueux, méthode Ogino: autant de méthodes qui prouvent l'inventivité humaine, mais qui se sont soldées par un nombre incalculable de grossesses non désirées. Jusqu'à l'apparition de la pilule...